Le monopole historique dont bénéficiait les banques est de plus en plus remis en cause par l’arrivée successive de nouveaux entrants bouleversant l’organisation des banques de réseaux.

Les années 2000 marquées par l’apparition des banques en ligne …

Si l’on remonte à l’époque du minitel (milieu des années 1980), des acteurs du marché comme Cortal (filiale de BNP Paribas qui fusionnera avec l’allemand Consors) ont commencé à proposer des premiers produits qualifiés de « banque en ligne » composés essentiellement des services d’épargne, puis de courtage en Bourse, sans ouverture de compte bancaire.

Une seconde génération de banques en ligne est celle des « bancassureurs », ces acteurs présents historiquement sur le secteur assurance comme les filiales d’Axa (qui acquiert « Banque Directe ») et d’AGF (futur Allianz) arrivant sur le marché au début des années 2000 en proposant une généralisation des services bancaires classiques (carte de paiement et chéquiers).

A partir du milieu des années 2000, les services des banques en ligne se structurent et on observe de premiers rapprochements avec les acteurs historiques du marché : rachat de Boursorama par Société Générale, celui de Fortuneo par Crédit Mutuel et le lancement de BforBank par Crédit Agricole. Les grandes banques à réseaux  structurent leur offre de banque en ligne et accélèrent leur transformation digitale avec ces premiers rapprochements.

Parallèlement sont apparues des banques hybrides (eLCL, NetAgence) issues des grandes banques et dont les offres sont calquées sur celles des réseaux (et non pas sur celles des banques en ligne, beaucoup plus attractives à de nombreux points de vue, notamment celui des frais réduits).

L’essor des Fintechs : de nouveaux acteurs disruptifs aux liens parfois étroits avec les banques traditionnelles

Si l’arrivée des banques en ligne a bouleversé le marché historique des banques de réseaux de par leur aspect tarifaire et leur qualité de service, de nouvelles mutations sont à venir. En effet, l’arrivée des Fintechs notamment dans les thématiques liées aux services de paiement, de transfert de fonds et de solution de financement viennent aussi concurrencer et challenger les grandes institutions bancaires sur certaines parties de leur chaîne de valeur.

Aujourd’hui les banques cherchent principalement à racheter ces acteurs naissants qui ont le potentiel de dynamiser leur offre et d’améliorer l’expérience client. Ainsi, Crédit Mutuel Arkéa a investi dans Linxo, application de gestion des finances personnelles. Ce lien stratégique a directement permis à la banque de se moderniser : l’application Fortuneo Budget s’appuie en effet sur la technologie de Linxo. Cet agrégateur de comptes repéré par Arkéa a plus récemment accueilli Crédit Agricole à son capital. Par ailleurs, Boursorama a racheté Fiduceo pour améliorer l’expérience client et propose aujourd’hui : agrégation de comptes bancaires externes, coffre-fort numérique et catégorisation automatique des dépenses.

De même, La pépinière parisienne du Crédit Agricole cherche à recruter de nouvelles start-up, et pas seulement des spécialistes de la finance. La banque pioche en effet dans cet espace d’innovation généraliste pour opérer la transformation digitale de tous ses métiers, comme la communication ou les RH. La banque travaille avec Coxibiz, pour faire évoluer ses méthodes de recrutement ou de la géolocalisation indoor pour ses collaborateurs grâce à Mobile Spot.

Vers des néo banques ? … Que deviendront les  banques de réseaux traditionnelles ?

Après la vague des banques 100 % en ligne (Boursorama, Fortunéo, ING Direct, etc.), de nouveaux acteurs « nativement mobiles », c’est-à-dire des banques conçues dès l’origine pour n’être accessibles que sur smartphone ou sur tablette, via une application sont à présent disponibles.

Au Royaume-Uni, Tandem est le dernier en date à s’engager sur ce marché, dans le sillon de Mondo ou d’Atom, première banque mobile sur application agréée par la Banque d’Angleterre.

Aujourd’hui c’est Orange qui se positionne comme le premier opérateur de télécommunication proposant une banque mobile. Pour lancer Orange Bank, l’opérateur historique a racheté 65% de Groupama Banque qui apporte son savoir-faire bancaire, Orange apportant de son côté sa marque, son réseau de distribution et son savoir-faire marketing. Le phénomène s’est ici inversé, les leaders du numérique ont aujourd’hui la capacité de créer leur propre banque en tirant parti des banques traditionnelles. Leur atout pour attirer les jeunes : ne pas être une banque classique.

Quels seront les prochains à s’engager sur cette voie ? Et si Google devenait une banque ?