20 Millions, c’est le nombre de montres connectées vendues en 2015. Dominé par Apple avec son Apple Watch (14 millions de ventes soit presque 75 % du marché), le marché des montres connectées est en plein essor depuis deux ans. On estime que les ventes devraient être multipliées par 3 entre 2016 et 2020 et chaque foyer français pourrait être équipé de 30 objets connectés d’ici à 2020 soit 1,2 milliard d’objets connectés. Fort de ce contexte, les banques ont investi dans le développement de services sur montres connectées et dès 2014, le Crédit Mutuel Arkéa lançait une application permettant d’alerter son conseiller bancaire de sa venue en agence.

En parallèle, les clients interagissent de plus en plus avec leur banque par le biais de terminaux mobiles et sont de plus en friands de nouvelles solutions pour gérer la relation avec leurs banques. Pour preuve, l’application bancaire fait partie du top 3 des applications consultées en premier dans une journée.

Alors que la consultation des comptes est devenue un standard proposé par l’ensemble des acteurs du marché sur l’ensemble des terminaux disponibles, la montre connectée permet de réelles innovations dans les usages bancaires et la relation entre les clients et leurs banques.

Payer n’importe où, sans sortir son porte-monnaie ni son smartphone

La dématérialisation est aujourd’hui devenue un enjeu majeur de notre société. Dans ce cadre, les moyens de paiements actuels sont de plus en plus considérés comme trop contraignants (avoir sur soi sa carte bleue nécessitant de taper son code secret…). Le paiement sans contact se révèle dans cette optique être une excellente possibilité pour simplifier les usages. Les fabricants de montres connectées ont bien compris cette attente et proposent plusieurs solutions afin de réaliser des paiements sans contact. L’horloger suisse Swatch a ainsi annoncé la sortie prochaine d’une montre analogique pouvant réaliser des paiements sans contact grâce à une puce NFC présente à l’intérieur du boitier. Cette première incursion des fabricants de montres « classiques » sur le marché de la montre connectée s’est fait grâce à un partenariat avec le groupe Visa.

À l’heure actuelle, seules deux montres sur le marché permettent le paiement sans contact : l’Apple Watch et la Samsung Gear S2. Dans les deux cas, les montres connectées sont couplées à un système de paiement (Apple pay et Samsung pay) qui permet d’enregistrer sa carte bancaire et de payer directement avec sa montre. Néanmoins, ces deux systèmes ne sont pas encore présents en France. Apple a annoncé un déploiement de son système courant de l’année 2016, Samsung quant à lui n’a pas encore communiqué sur une date de déploiement en France.

Tous ces systèmes reposent donc encore sur l’utilisation d’une carte bancaire. Les banques n’ont en effet pas encore développé de nouveaux moyens de paiement, utilisant des objets connectés (smartphones, montres) sans l’intermédiaire d’une carte bancaire. Néanmoins, l’utilisation de ces nouveaux terminaux de paiement devient un enjeu majeur pour les institutions bancaires, car cela leur permet de récupérer une importante masse de données sur les habitudes de leurs clients.

Améliorer la sécurité des transactions par une double authentification

La sécurité est aujourd’hui la principale crainte des utilisateurs d’applications bancaires en condition de mobilité (smartphones, tablettes, montres). Pour répondre à cette crainte, les banques, mais aussi les fintechs ont trouvé une utilité supplémentaire aux applications bancaires sur montres connectées : la double authentification.

Le système de paiement Lydia, qui propose à ses utilisateurs de payer en ligne et en magasin physique sans avoir à entrer ses coordonnées bancaires (numéro de carte ou code secret), permet également aux possesseurs d’une Apple Watch, de valider leur paiement directement sur la montre, cette dernière se substituant au smartphone pour faire office de terminal de confirmation de paiement.

La Société Générale propose un principe similaire de validation des paiements en ligne sur une montre connectée. La montre joue alors le rôle de deuxième authentification que jouait avant le téléphone, par une demande de validation directement dans l’application sur la montre.

Rendre l’épargne ludique et attractive

Les montres connectées permettent également de faciliter et/ou de rendre ludique l’épargne. En permettant à ses clients de choisir combien épargner par mètres parcourus (tout en définissant une borne de kilomètre maximum par jour), Alpha Bank s’est ainsi dotée d’un modèle de collecte original. L’application s’occupe alors de récolter les données grâce aux capteurs de la montre connectée et verse automatiquement la somme épargnée chaque jour sur un compte épargne avec un taux très attractif.

Toujours dans le but d’épargner de l’argent de manière différente, la start-up canadienne Desjardins a développé une application d’épargne d’impulsion sur Apple Watch et Android Wear (Samsung). Le principe est simple : au lieu de faire un achat superflu, on vire sur un compte épargne le montant équivalent en un seul clic depuis la montre. Pour rendre le système encore plus ludique, il est possible de se fixer un objectif (voyage, achat d’un objet…), on voit alors combien d’argent il reste à épargner avant d’atteindre l’objectif. Ces deux types d’épargne permettent de faire épargner une clientèle jeune et très connectée portant un faible intérêt aux produits d’épargne classique.

L’ensemble des solutions développées et proposées par les banques et les fintechs montrent que le marché est en plein développement. Les technologies sont maîtrisées et les utilisateurs sont demandeurs de nouvelles solutions. Cependant la multiplication des technologies et la pluralité des réglementations empêchent encore l’explosion du marché des montres connectées. On peut aussi émettre des réserves quant au développement du paiement sans contact via la montre connectée, véritable fer de lance du développement du marché banque et montre connectée, tant ce même système de paiement peine à s’imposer avec le smartphone et même plus généralement. Les avancées dans le domaine de la sécurité (validation biométrique, blockchain, cryptage des transmissions…) couplées à l’arrivée sur le marché du travail, et donc de la consommation, des premières générations de digital natives, bien plus ouvertes et intéressées par les nouvelles technologies, doit permettre aux usages bancaires via les montres connectées de fortement se développer dans les prochaines années. Les entreprises du secteur bancaire y ont tout à gagner : ces montres leur permettent de récolter une masse importante de données qu’elles peuvent réutiliser pour mieux connaitre leurs clients, les fidéliser, améliorer l’expérience utilisateur et ainsi accroître leurs revenus.