En guise d’introduction, pourriez-vous nous résumer votre parcours ainsi que le service que propose Invoxis ?

Invoxis a été créée il y a 4 ans et comptabilise aujourd’hui une vingtaine de personnes. Invoxis dispose de deux technologies :

  • Une technologie de base de graphe et de visualisation d’informations
  • Un moteur d’analyse linguistique permettant d’extraire de l’information de contenus textuels

L’objectif était de donner accès à une plateforme d’investigation aux banques et aux grandes entreprises, en automatisant la collecte des informations, leur agrégation et  par l’usage d’algorithmes de calculs facilitant l’analyse. Ce type de plateformes était jusqu’à présent essentiellement réservées aux agences gouvernementales et au secteur de la défense.

Invoxis permet à ses clients de satisfaire deux exigences réglementaires fortes : la lutte contre le blanchiment de capitaux et la lutte contre le financement du terrorisme. En effet, la solution Invoxis permet de réaliser toutes les étapes du KYC, traite de l’identification des entités lors d’une mise en relation, et effectue un monitoring constant.

la cible commerciale initiale était essentiellement bancaire et financière. Cependant, les grandes entreprises nous sollicitent de plus en plus, la réglementations les concernant désormais.

Quels sont les éléments/facteurs qui différencient Invoxis des acteurs traditionnels ?

Trois facteurs majeurs représentent la force de notre solution :

  • La profondeur de l’information et d’analyse de risque : c’est-à-dire la capacité à constituer et superviser tout l’écosystème autour d’une contrepartie que le client souhaite surveiller. La solution permet en effet d’identifier des risques à différents niveaux de profondeur via un réseau graphique (réseau neuronal d’informations). La plupart des solutions de marché permet uniquement de « screener » des listes sans obtenir la profondeur là où nous identifions différents risques indirects. Par exemple, Invoxis vous permet de savoir que votre client dispose d’une filiale qui a passé un accord avec une société basée dans un pays qui fait l’objet de mesures d’embargos.
  • La capacité de collecter et de capitaliser de l’information : toute information qui est recueillie ou qui appartient à l’établissement pourra être utilisée. Un client pourra constituer ses propres listes de sanctions.
  • La dimension multi-source : elle ne dépend pas uniquement d’une seule source d’information. Elle peut aller chercher des informations sur de multiples supports, y compris sur le web et sur la presse, grâce à des analyseurs de langages qui parviennent à extraire des informations structurées à partir de la lecture automatique de ces supports.

Fin 2016, vous aviez dit lors une interview qu’il vous arrive d’aller « chercher l’information sur le terrain ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Invoxis dispose de partenaires qui vont chercher l’information sur le terrain, dans les pays où c’est le seul moyen d’obtenir ces informations. Ces partenaires sont des spécialistes du renseignement sur des zones géographiques données. En complément, Invoxis est amené à réaliser des enquêtes : ces enquêtes sont le fruit de l’utilisation de tous les médias et sources à notre disposition, qui sont électroniquement accessibles. Il s’agit d’essayer de détecter des risques que l’on ne verrait pas en effectuant une enquête superficielle.

Lors des dernières élections présidentielles aux Etats-Unis, un phénomène nouveau est apparu, à savoir les « Fake News » : il s’agit de publications qui se font passer pour de réels articles de presse. Comment Invoxis fait face à ce phénomène ?

Nous parvenons à contourner ce phénomène de façon partielle. Il est certain que la lecture informatique n’est pas plus intelligente que la lecture humaine. Si un humain peut se laisser tromper par une news, alors la machine sera aussi trompée par cette news.

En revanche, Invoxis permet à son utilisateur de différencier les sources d’informations. Par conséquent, nous sommes capables de définir un niveau de fiabilité de chaque source d’information et donc de catégoriser les sources. Cela permet de scorer potentiellement la qualité/fiabilité de la news. C’est sur cette base qu’Invoxis peut distinguer une « Fake News »  d’une « Real News ».

Une « Fake News » peut se déterminer via sa provenance (adresse IP) et l’espace média dans lequel la news est publiée (ex : une news provenant du Financial Times est plus fiable que le blog de M. Z). Les réseaux sociaux sont aussi une source d’information, mais c’est le client qui décide d’utiliser ou non les différentes sources d’informations proposées. Invoxis offre deux possibilités à ses clients : utiliser des sources fiables (presse) uniquement ou utiliser des sources ainsi que les médias sociaux sur lesquels il est possible de trouver une information non négligeable via le blog de M. X ou la page Facebook de M. Y. Par exemple, le client détecte une information sur un blog, indiquant que la filiale de la société de M. X finance des activités de Boko Haram. Face à cette information, le client a le choix : d’ignorer cette information car la source de cette information n’appartient au périmètre des sources fiables aux yeux du client ou prendre en compte cette information qui peut avoir des conséquences très importantes.

Actuellement, un mouvement général se dessine chez nos clients : la non-exclusion des différentes sources d’information, compte-tenu du renforcement des contraintes réglementaires. Il y a aujourd’hui une tendance à l’élargissement des types de sources utilisés et une acceptation des sources moins fiables.

De façon générale, vous êtes aujourd’hui présent en France, au Royaume-Uni et au Luxembourg. Quelle sera la prochaine étape ?

Invoxis travaille aussi dans d’autres pays, au travers de partenariats, notamment en Suisse, aux Etats-Unis, au Moyen Orient. Nous sommes également en train de tisser des partenariats en Asie. Nos partenariats ont différentes vocations :

  • Des partenariats technologiques avec des start-up qui permettent d’offrir de nouvelles fonctionnalités techniques à nos plateformes
  • Des partenariats de solution avec des sociétés spécialisées dans le monde du KYC
  • Des partenariats avec des fournisseurs de données ou avec des éditeurs de logiciels pour lesquels nous sommes un complément ou un apport à leur portefeuille de solutions existantes

Ces partenariats nous permettent d’avoir une présence propre et de distribuer notre solution ou de compléter notre portefeuille de solutions.

Vous êtes parmi les 100 RegTech à suivre. Comment voyez-vous l’avenir pour les RegTech ?

Il y a aujourd’hui un réel mouvement lié au contexte international et politique, avec le renforcement de la réglementation de façon générale pour l’ensemble des acteurs dont les banques. Nous sommes plus que jamais dans la lutte contre le financement du terrorisme, donc il est clair que cet espace pour les RegTech, notamment sur la partie KYC, s’étend de manière exponentielle. On voit effectivement beaucoup de start-up naître avec différentes vocations. Le marché des RegTech connaîtra forcément une consolidation, bien qu’il soit décrit comme relativement large, mais il demeurera primordial dans les années à venir, c’est certain.

Propos recueillis  auprès de Pierre QUINTARD, CEO d’INVOXIS