Au sein du domaine bancaire, les procédures d’identification et de connaissance client sont portées par la fonction de KYC (Know Your Customer). Aujourd’hui, les banques souffrent d’un retard technologique en la matière. Ces dernières doivent répondre aux contraintes réglementaires et prudentielles pour prévenir tout risque de fraude et de blanchiment. Le KYC est aujourd’hui un enjeu stratégique tel pour les institutions financières que l’innovation technologique vient en soutien à l’obligation de respecter la réglementation.

L’automatisation des tâches optimise la réorganisation de la fonction KYC 

L’innovation technologique vient en appui à la gestion du risque client à l’aide de l’automatisation des tâches. Cette automatisation va concerner les tâches les moins complexes d’identification soutenue par un système où l’intelligence artificielle organise les données et identifie les anomalies présentes. Les missions de recensements et de traitements de l’information des clients par les institutions financières sont à la fois coûteuses et répétitives, c’est pourquoi il est essentiel d’offrir une solution « d’offshoring » de la fonction KYC tout en respectant le cadre réglementaire. Cette solution visant à outsourcer certaines fonctions de back-office conduit à une réorganisation complète de la fonction KYC. Ainsi, les opérationnels sur les fonctions de back-office en banque d’investissement et de financement seront potentiellement réorienter vers des tâches à plus forte valeur ajoutée.

Dans un objectif constant d’amélioration des processus de cartographies des risques clients par les établissements financiers, l’outil de KYC doit répondre aux normes réglementaires en vigueur. La conception de programmes de KYC est indispensable pour répondre à ces normes et, de nouvelles méthodes apparaissent dans l’élaboration de procédés technologiques dits de « KYC 2.0 ». L’objectif de ces nouveaux procédés est d’intégrer de nouvelles sources de données telles que les informations issues de LinkedIn, Facebook, Twitter, etc. avant la mise en place de la relation d’affaire avec le client. L’innovation est donc également un enjeu central dans la collecte d’informations.

Par ailleurs, l’intégration de la nouvelle directive européenne (PSD2, Payment Services Directive II) et la digitalisation du secteur financier sont des enjeux de premier ordre pour les acteurs de la sphère financière dans l’amélioration des outils de vérification de l’identité et du profilage des clients. Avec la norme PSD2, les banques traditionnelles feront face à une concurrence encore plus grande avec l’arrivée des nouveaux entrants. Elles devront se doter d’outils technologiques visant à améliorer grandement la connaissance de leurs clients afin d’offrir les prestations correspondantes à leurs besoins et conserver leurs parts de marché.

De plus, dans le but d’analyser les axes d’innovations possibles pour l’amélioration des problématiques de KYC, il est primordial d’évaluer les potentiels gains de l’automatisation des diligences de connaissance du client. L’automatisation de la récupération des documents officiels aura deux objectifs principaux. Le premier sera de renforcer la sécurisation et la traçabilité des processus d’identification. Deuxièmement, cela permettra d’optimiser l’allocation des ressources de la banque en interne sur des activités à plus forte valeur ajoutée.

Les Regtechs ou l’innovation à l’aide de la réglementation bancaire

De nouveaux acteurs émergent sur le secteur de la conformité ; on les appelle les Regtechs (Regulation techs). Elles apportent des réponses à l’évolution des contraintes réglementaires imposées aux établissements financiers par le biais de l’innovation technologique. Les Regtechs répondent aux nouvelles problématiques de KYC via le screening automatisé de bases de données disponibles en open source. Cela va particulièrement concerner les personnes exposées politiquement en raison de possibles implications dans les affaires de corruption. La valeur ajoutée proposée par les Regtechs réside aussi dans la procuration de mapping interactifs sur le client, sa société-mère et ses actionnaires, ses filiales.

Par exemple, un projet d’hébergement outsourcé des données KYC et l’utilisation de ces données par des acteurs externes a été lancé par la Caisse des Dépôts qui a dévoilé BChain. Il s’agit du premier cas d’étude de mutualisation des identités numériques pour répondre aux nouveaux enjeux de KYC. Lancée en Mai 2016 et actuellement en version bêta, BChain aura une dimension européenne grâce à l’aide offerte par ses partenaires sur l’ensemble du territoire européen tel que BNP Paribas, Société Générale, Blockchain Solutions, IBM.

Avec la montée en puissance du risque de non-conformité, les Regtechs offrent une nouvelle approche dans l’analyse des données et le respect de la réglementation. La croissance des données disponibles représente un vivier pour les fonctions de KYC. En revanche, la lecture analytique de ces données n’est possible que si l’on dispose des outils optimisés pour cette lecture. L’émergence de l’analyse des données de masse par le Big Data Analytics a conduit à un décryptage possible de l’information via une structuration intelligente des données. Ainsi, selon Emilie Van Lierde, Senior Consultante au sein du cabinet de conseil Wavestone, « Les Regtechs apportent des outils d’analyse de données comportementales plus intelligents, grâce au data mining, pour détecter les signaux faibles de fraude ou de terrorisme ».

En conclusion, la technologie apportée par les acteurs du monde des Regtechs offrent de nouvelles solutions de connaissance du client et de cartographie du risque client en vue d’un respect des règles macro-prudentielles propres aux fonctions de KYC pour les processus de on-boarding. Au-delà de l’avancée technologique offerte par ces dernières, la coopération entre les différents acteurs de la sphère de compliance permet d’aboutir à une gestion rigoureuse du traitement de l’information tout en contribuant à l’agilité et l’efficacité des acteurs garants de la sécurité financière.