3ème volet : Les paiements

Réaliser un paiement est l’opération bancaire la plus courante : payer avec sa carte bleue, remplir un chèque ou effectuer un virement à un tiers depuis l’espace client du site internet de sa banque sont en effet des actes quotidiens. Depuis la généralisation de la carte bleue dans les années 80, les solutions de paiement offertes aux particuliers ont évolué : baisse régulière du chèque d’un côté, mise en place de SEPA de l’autre. Les banques sont néanmoins restées à la manœuvre.

Aujourd’hui, de nouveaux acteurs apparaissent dans le paysage, boostés notamment par la démocratisation des smartphones. À côté de poids lourds (Apple, Android, PayPal, opérateurs de téléphonie…), de multiples FinTechs s’activent et proposent à leur tour des solutions de paiements innovantes, comme nous le verrons dans ce 3e et dernier volet de notre série FinTechs.

Une offre foisonnante

L’offre proposée par les très nombreuses FinTechs opérant dans le domaine des paiements recouvre une très grande variété de fonctionnalités.

De manière générale, le paiement mobile place une application pour smartphone au cœur de l’acte de paiement : l’application permet de rattacher le mobile à l’ensemble de ses comptes bancaires et de ses cartes de paiement ou de crédit.  Via ce portefeuille électronique, l’utilisateur a accès à l’ensemble de ses données bancaires sur une même interface et peut régler ses achats en ligne sans communiquer les références de sa carte de paiement ou de son compte bancaire, remplacées par l’identifiant et le mot de passe de l’application. Il peut aussi payer ses achats chez un commerçant équipé d’un lecteur adapté. Le commerçant bénéficiera  alors de coûts de transaction généralement inférieurs à ceux proposés par sa banque. Le paiement mobile facilite enfin le transfert d’argent entre particuliers équipés de la même application,

Certaines FinTech, à l’image de Slimpay,  proposent de se passer de la carte de paiement pour effectuer rapidement des paiements en ligne par prélèvement SEPA sur le compte bancaire rattaché à l’application. Dans le même temps, cette FinTech met à disposition du commerçant un système de gestion de ses paiements par prélèvement SEPA.

D’autres FinTechs facilitent le paiement en ligne par virement SEPA : chez Sofort, il suffit d’utiliser les codes confidentiels de son application bancaire en ligne pour générer rapidement un virement à un e-commerçant. Les informations du virement et les coordonnées bancaires du commerçant sont remplies automatiquement, permettant de gagner du temps dans la finalisation de la transaction.

Les paiements internationaux sont un autre champ d’innovation pour les FinTechs. TransferWise ou PayTop veulent révolutionner les transferts de devises d’une zone monétaire vers une autre. Les transferts d’argents à l’étranger sont en effet très coûteux dans les banques traditionnelles. Par rapport à une banque, la réduction du coût global de la transaction peut s’élever jusqu’à 90% du montant, à la fois par la réduction des frais et par l’utilisation de taux de change réels.

Une position très solide des banques

Dans le domaine des paiements, les initiatives sont nombreuses mais les nouveaux usages peinent encore à s’installer, comme l’illustre le poids encore modeste du paiement sans contact en France.

Les offres nouvelles proposées par les FinTechs et les autres acteurs ne remplacent pas les usages existants mais viennent s’additionner aux fonctionnalités proposées par les banques, créant un sentiment de complexité chez l’utilisateur. Chaque solution se veut différente et rend la comparaison difficile entre les concurrents. Un standard peine à émerger et le gain en termes d’expérience client ne semble pas évident.

Le poids des cultures locales reste important : là ou l’Allemand paye en liquide, l’Américain utilisera une de ses nombreuses cartes de crédit et le Français fera un chèque… Plus de 50% des allemands n’utilisent pas de cartes bleues ! Le portefeuille électronique séduira donc davantage le client américain. Les commissions des banques US sur les paiements (virement, chèque, prélèvements…) sont par ailleurs plus élevées que celles des banques européennes : là aussi, le client américain sera plus enclin à se tourner vers une FinTech pour réaliser des paiements ou des transferts d’argent.

En Europe, la mise en place de SEPA et la pression des régulateurs sur les commissions interbancaires pour les paiements par carte ont impacté le PNB des banques mais leur ont donné paradoxalement un avantage concurrentiel. Pour les paiements domestiques, il devient donc difficile à un nouvel entrant de se différencier radicalement par les prix, ce qui rend son business model incertain.