Mauvaise nouvelle en ce début d’année pour les clients : la hausse des tarifs bancaires, entamée depuis début 2016, se poursuit et se généralise. Une étude menée par Le Monde estime que ceux-ci augmentent de 1,7 % entre 2016 et 2017, et de 4,2 % sur deux ans, ce qui amène à un budget bancaire moyen de 193,80 euros par an et par personne.

De quels frais parle-t-on ?

Les frais de tenue de compte sont la composante majeure de la hausse tarifaire : alors que certaines banques ne les appliquaient pas il y a quelques années, elles y reviennent quasiment toutes (il ne reste plus que 18 banques sur 144 à ne pas facturer les comptes courants début 2017). Au passage, les banques qui pratiquaient déjà ces frais vont les faire augmenter cette année : la facture moyenne tournera autour des 18,10€ à l’année. Par exemple, on note une hausse de 213% sur cinq ans au Crédit Agricole et de plus de 166% à la Banque Populaire. La Banque postale, qui proposait jusqu’alors les prix les moins élevés, affiche l’augmentation la plus forte en 2017 en passant de 6,20 euros à 12 euros par an soit une hausse de +93,5 %.

Ensuite, ce sont les retraits “déplacés” (effectués dans des distributeurs hors du réseau) qui voient leur tarification durcir pour près de 33 établissements : en effet, le nombre de retraits gratuits va diminuer. À titre d’exemple, La Banque Populaire du Nord passe de 0,87 euros à partir du 4ème retrait à 1 euro facturé dès le premier retrait. En moyenne, le Crédit Agricole fera payer 8 % plus cher (15 euros par an), la Banque populaire 23 % plus cher (24,60 euros par an) et La Banque postale deux fois plus cher (15,60 euros par an).

Enfin, le prix des cartes de paiement internationales subit aussi le même sort : 80% des banques ont relevé leurs cotisations de cartes bancaires en 2017. On note environ +1 à 2 euros par an sur les CB classiques à débit immédiat, ce qui les ramène à 40,40 euros en moyenne à l’année.

Qu’en est-il du côté des banques en ligne ?

Ces hausses de tarifs qui n’apportent aucun service supplémentaire en contrepartie pourraient inciter les consommateurs à se tourner vers les banques en ligne, réputées plus compétitives. En effet, les principaux arguments marketing des banques en ligne sont les frais de gestion et les moyens de paiement gratuits. Cette position reste valable en ce début d’année, d’autant plus que la tendance est aux offres promotionnelles de bienvenue (ING Direct et Boursorama offrent 80 euros pour toute ouverture d’un compte courant). Par ailleurs, avec la mise en application d’une disposition de la loi Macron à partir du 7 février, la mobilité bancaire sera grandement facilitée : il incombera au nouvel établissement de réaliser gratuitement l’ensemble des démarches nécessaires pour réaliser le transfert des comptes de son client, à l’image de ce qui se fait aujourd’hui dans le secteur de la téléphonie.

Néanmoins, même si les banques en ligne possèdent un avantage certain grâce à leur structure de coût réduite, on y observe également soit des augmentations, soit à minima un durcissement des conditions d’accès. Par exemple, ING Direct est passé d’une condition de versement de 750 euros par mois (pénalité de 12 euros par trimestre en cas de non-respect) à une condition de revenus de 1200 euros, puis finalement à une condition de versement de 1200 euros mensuels (en cas de non-respect, facturation de 5 euros par mois). Côté Boursorama, l’offre Welcome qui permettait d’avoir une carte VISA Classic gratuitement sans conditions de revenus va devenir payante. N26 supprime les retraits gratuits et impose une condition d’usage de sa Mastercard et Revolut réduit très fortement le montant des retraits en devises gratuits (limités dorénavant à un équivalent de 200 euros par mois). Les banques en lignes restent toutefois assez attractives en comparaison des banques traditionnelles en terme de tarifs puisqu’un client moyen peut économiser jusqu’à 190 euros par an, mais il ne faut pas oublier qu’une relation 100% digitale ne convient pas systématiquement à toutes les populations.

Comment cette hausse s’explique-t-elle ?

L’argument majeur mis en avant par les établissements bancaires est la pression des taux bas, voire négatifs de la BCE (Banque Centrale Européenne) qui vient éroder les bénéfices. Mécaniquement, les banques gagnent moins avec les prêts bancaires, et les renégociations de crédit des clients viennent accentuer cet effet ; “elle cherchent donc du PNB (Produit Net Bancaire) additionnel pourcontrebalancer les mauvaises conditions des taux” déclare Serge Maître, président de l’Association française des usagers des banques. De plus, les banques mettent en avant d’autres coûts à couvrir : mise en application de réglementations toujours plus exigeantes, investissements dans le digital, sécurisation des données, etc.

Afin de proposer une alternative, les banques font remarquer qu’il existe des moyens d’exonération en souscrivant par exemple à des offres “packagées” ou en domiciliant ses revenus pour ne plus payer les frais de tenue de compte. Quant aux associations de consommateurs comme L’UFC-Quechoisir, elles incitent plutôt les clients à comparer les prix ou négocier leur contrat avec leur conseiller afin de moins subir ces hausses.