Malgré la récente étude de TransferWise indiquant que 25% des Français étaient prêts à utiliser les services d’une société technologique pour au moins la moitié de leurs activités bancaires d’ici 2020, les banques traditionnelles ne voient plus seulement les Fintechs comme une menace. Elles bâtissent de véritables collaborations stratégiques visant à accélérer leur transformation en ayant notamment multiplié les rapprochements avec les nouveaux acteurs ces dernières années. Ces Fintechs sont désormais considérées comme co-créatrices et meilleures alliées face à l’arrivée des GAFA sur le secteur bancaire, menaçant les acteurs traditionnels par leur capacité d’innovation et l’expérience client proposée.

Si les collaborations se font parfois sous forme de prise de participation ou de rachat (lepotcommun.fr par BPCE, Fiduceo par la Société Générale…), les grands groupes bancaires français misent désormais aussi sur l’open innovation.

1/ Crédit Agricole

Le Crédit Agricole a lancé dès 2014 un incubateur à Paris, le Village by CA, destiné à accueillir près de 100 start-ups ayant au minimum 6 mois d’existence. Des initiatives similaires ont vu le jour dans d’autres grandes villes françaises, avec désormais 17 incubateurs hébergeant 231 start-ups. Le Village parisien a inclus la finance dans ses 4 catégories cibles pour les nouveaux postulants en 2016. Certaines ont ainsi pu être approchées plus facilement pour des partenariats stratégiques (Quantcube Technology avec CACIB), ainsi que pour des prises de participation (1M€ investi dans Linxo par le Crédit Agricole). Au total, 30% des start-ups hébergées ont tissé des partenariats avec l’une des entités du groupe sur l’ensemble des métiers.

Enfin, le groupe a ajouté dans son PMT l’instauration d’un budget de 200M€ sur les 4 prochaines années afin d’investir dans des partenariats avec des start-ups de la Fintech et de l’Assurtech.

2/ BNP Paribas

BNP Paribas a constitué tout un écosystème de start-ups autour de ses propres équipes, entre open innovation et coopération.

Le groupe a lancé son premier programme d’accélérateur Fintech et Assurtech by L’Atelier BNP Paribas en 2016. Suite à des sélections, une dizaine de projets par an sont accompagnés pendant 4 mois au sein de leur incubateur et parrainés directement par une entité du groupe, permettant ainsi de challenger leur concept aux réalités du métier. A la fin du programme, la collaboration entre la banque et les start-ups peut se poursuivre via des partenariats ( exemple du co-développement entre Fortia et les équipes de BP2S), ou des investissements (exemple de la levée de fonds de PayCar auprès de BNP Paribas à hauteur de 1,3M€).

Outre son entité de veille technologique, BNP Paribas s’associe à des événements liés à l’écosystème des start-ups (Vivatech et TechInnov) et a recours à un hackathon annuel afin de déceler des jeunes pousses avec qui tisser des liens en dehors de son accélérateur.

3/ Société générale

La Société Générale a pris le parti de ne pas avoir son propre incubateur mais plutôt de cibler des collaborations avec des projets répondant directement aux besoins opérationnels. De cette manière, le groupe peut rapprocher des équipes internes plus facilement et multiplier les rencontres entre ses collaborateurs et des start-ups ciblées. Afin de cibler ces Fintechs, la banque a noué des partenariats avec des espaces de coworking et d’innovation ainsi que des écoles, et a également organisé des hackathons en France et dans le monde afin de pouvoir échanger directement avec les porteurs de projets sur les problématiques opérationnelles rencontrées. Des collaborations ont ainsi pu voir le jour en Afrique afin d’améliorer les services proposés par la banque. La SG n’hésite plus à faire appel à ses nouveaux entrants sur le marché pour compléter l’offre comme le prouve l’association entre Smartkarma et la banque d’investissement en Asie.

A noter que mis à part le rachat de Fiduceo par Boursorama le groupe n’a eu recours à aucune acquisition de Fintech ces dernières années bien qu’il ait annoncé fin 2015 sa participation à plusieurs fonds de capital-risque. Aujourd’hui la SG a pris des participations et/ou collabore avec 360 start-ups.

4/ BPCE

Le Groupe BPCE se différencie de ses concurrents en se montrant beaucoup plus actif sur le volet des rachats. Il souhaite impliquer fortement les Fintechs récemment intégrées (Lepotcommun.fr, e-cotiz, Dedopass, Fidor Bank, PayPlug) à sa filiale S-money, plateforme digitale de paiement et laboratoire d’innovation, afin d’accélérer sa transformation digitale. Francois Pérol a expliqué que les Fintech sont une partie de la R&D et de la capacité d’innovation du groupe.

La banque mutualiste s’est également associée au Global Fintech Challenge, concours d’open-innovation dédié aux Fintechs, en se positionnant sur le segment de la gestion privée. En plus d’une dotation, BPCE a engagé un proof of concept avec le gagnant de la dernière édition.

 

Ainsi, les rapprochements entre banques et Fintechs se sont ainsi multipliés ces dernières années. Un réel dynamisme est visible en France. La décision des britanniques de quitter l’Union Européenne pourrait accentuer cette tendance avec une possible relocalisation des Fintechs londoniennes (500 Fintechs, avec un CA moyen de £25M) à Paris.