Début 2017, Northern Trust (banque privée spécialisée dans la gestion d’actifs) a déployé un système basé sur la blockchain pour enregistrer les informations liées à des transactions impliquant des fonds de Private Equity.

Pourquoi déployer cette technologie dans le marché du Private Equity ?

Le premier avantage de la technologie réside dans le partage de l’information qui devient accessible non seulement aux managers et gestionnaires de fonds ainsi qu’aux investisseurs mais aussi aux organismes de régulation. Ces différentes parties prenantes partagent alors une source unique d’informations, sorte de Golden Source, qui permet d’avoir une vision unifiée et transparente de la transaction et d’éviter ainsi les litiges.

L’implémentation de cette innovation est d’autant mieux reçue par les investisseurs que le régulateur les oblige à communiquer davantage d’informations sur leurs investissements. Naturellement, les investisseurs se tournent vers les fonds pour avoir ces informations, avec une attention particulière aux frais et à la performance.

Un second avantage pour lequel la blockchain est connue est la sécurité. En effet, l’information n’est pas stockée dans un endroit unique et central, mais plutôt partagée entre différents nœuds du réseau, ce qui assure la traçabilité des transactions.

Le Private Equity est, d’après les spécialistes, une classe d’actifs dont les processus sont très « manuels » aujourd’hui. Ce qui le rend propice à une telle digitalisation. Par ailleurs, il se caractérise par un volume de transactions peu élevé par rapport à d’autres catégories d’actifs.

Quels sont les risques inhérents à celle-ci ?

Mais derrière ces avantages de coût, de sécurité et d’efficacité opérationnelle, se cachent des craintes et un scepticisme qu’on ne peut négliger. Tandis que certains pensent que c’est un simple effet de mode qui n’était pas indispensable à l’amélioration de la gestion des fonds, d’autres craignent que cette innovation n’oblige les fonds à plus de transparence au moment où ils sont enclins à garder la main sur la quantité et la nature des informations communiquées aux investisseurs, notamment les informations liées aux classes d’actifs dans lesquelles l’argent est investi. Ce gain de transparence, matérialisé par la possibilité de savoir en temps réel comment sont investis les fonds, peut pousser les investisseurs à retirer leurs fonds s’ils constatent que la manière dont leur argent est investi n’est pas cohérente avec leurs préconisations.

Plutôt que de se ranger derrière ce scepticisme, certains y voient plutôt un espoir et même une opportunité. Pour certains fonds, en effet, l’utilisation de cette technologie leur permettra de se distinguer par leur gestion loyale et transparente. Deux éléments de différenciation dans l’optique d’attirer de nouveaux clients.

Pour Northern Trust, c’est aussi une opportunité de booster sa notoriété, ce projet étant le premier déploiement commercial de la blockchain dans le marché du Private Equity.

Affaire à suivre…

D’autres classes d’actifs sont également touchées par la blockchain. Si pour le Private Equity, l’efficacité opérationnelle et la transparence sont les deux principaux apports de  cette technologie, d’autres catégories comme le Venture Capital, ou capital risque en français, connaissent un changement de paradigme radical basé sur le contournement des fonds. Affaire à suivre donc…